déc
14
2011
0

Petits froids

... et noir et blanc

en couleurs...

La premiere neige, c’est toujours la plus belle… S’enchainent une serie de fontes, nevees, fontes, et re-neige, avant que les gels ne commencent a refermer la riviere.  La premiere neige, c’est aussi le signe des premieres chasses. Un decodeur de traces, quasi bligatoire. Et les premieres chasse, sont souvent les meilleures: la faune a le ventre plein, le poil luisant, le lard abondant… D’autant plus que cette annee, les Pins de Koree ont produit pleins de pignes, qui, a la premiere neige, commencent a tomber.

Empreinte de Lynx, a 100m de la baraque

Pignes, une fois decortiquees. Les cones ont une gueule d'ananas!

De leurs expeditions-touristes, il restait suffisemment d’essence pour faire une derniere viree jusqu’a la Kistaiskaia. Un truc eclair, quelques jours, juste pour ramener de la viande a la maison. Le voisin Andrei, dont le territoire de chasse se trouve non loin du village, fait office de tireur professionnel. Chez lui, la population de Cerfs a du mal a se renouveller. Les Cerfs sont plutot sedentaires. Si on en tue un, un autre peut venir d’ailleur et occuper sa place. Sauf qu’autour du village, « ailleurs » les Cerfs sont tout autant chasses, d’ou leur difficulte a se renouveller. A la Kitaiskaia, et sur les territoires des hauteurs de la riviere, la chasse se cantonne aux environs de la riviere et n’est pas aussi intense que plus en aval.Bref, on arnache la Lodka, et c’est parti, « en famille », cette fois. Pour Raia (la femme d’Andrei), c’est la premiere expedition sur les hauteurs de la riviere. « Tu te rends compte, Marilia, toi t’es la depuis moins d’un an, et t’as deja fais plus de 5 allez-retours jusque la-haut!! » La plupart du temps, les femmes restent au village, meme si toutes celles qui ont pu partir en foret temoignent « genial, on en veut encore, reposant, qu’est-ce qu’on est bien sans magasin, problemes argent-enfant-commerages-village…! Et qu’est-ce que c’est beau! Pecher, s’ballader, recolter… la vraie vie! » Et toutes celles qui n’ont pas pu, en revent! Les mecs, la plupart du temps, considerent plutot ces expeditions forestieres comme leur « travail ». Ca leur fait considerer le temps passe au village, a la maison, comme un temps de repos bien merite.

Une barque de filles... petites rarete sur la riviere

En tous les cas, l’alliance de 2 couples facilite grandement la vie en foret. Tout se fait plus efficacement. Andrei, exclusivement, chasse. En 2 jours, un chevreuil et 2 biches. En effet, efficace le bonhomme. Kostia fait la navette, le bucheron, et le soutient « domestique ». Nous, on cuisine… a 2 c’est plus rigolo. Ca nous laisse aussi le temps de se ballader, tous les 3, avant que le chasseur ne nous ramene a tous du travail.

Ecrit par admin_branchest in: Hiver,Kitaiskaia |
août
20
2011
0

Assumer sa chance

Sur une greve, on m’installe la moustiquaire. J’attend le retour des chasseurs… ou bien un signe sonore de la chance. J’ecoute l’esprit tranquille la riviere couler, un poisson qui mouche, un oiseau e ‘reveiller’, un coucou lointain, une branche qui craque, tout pres… Interdiction d’allumer un feu, au risque de faire fuir un quelconque animal. Sans feu ni frontale, et l’obscurite qui s’avance, je n’ai plus qu’a me laisser aller au sommeil, apres avoir soigneusement bute tous les moustiques pretendants echanger leur sang ave la belle au bois dormant.

Le chasseur bleuffe

Kostia revient les mains vides et le cul mouille. L’omorochka de fortune est pas un cadeau question confort et navigation. Ca ne lui ote pas son humeur joyeuse, ni la gnak obligatoire de s’ entretenir, se secher et s’rechauffer, s’nourrir quand on crapahute dans la taiga. Et le voila prit ‘envie de pecher en pleine nuit. Soudain, coups e fusil. 1,2,3, et 4!!! On a rigole de Renate, pas tres economique omme partenaire. Et puis on est quand meme alles voir, le deloger de son perchoir.

Aye, je sais c’est quoi, une soloniets. Un gros arbre sacrifie, creues et entaille dans lequel on repand du sel. Avec la pluie et la nature des choses, le sel descend dans les racines, puis dans le sol. Les animaux viennent y lecher la boue tout autour, tant si bien que les racines en sortent de terre, comme une epave eventree a maree basse sur un rocher. Sur une hauteur le chasseur se planque, allonge sur 3 planches, et attend…

Une Biche et son faon de l’annee. Renate exulte, enfin chasseur heureux. On deblatere toute la nuit de l’affaire, de comment faire, pour ne rien perdre de la chance. A l’aube on file chercher les 4 bras restants pour tirer les betes de la. On a tout depece sur une greve. Renate un peu barbare-novice. Kostia ultra efficace, tente de me recuperer la peau tachetee. Encore une fois, j’admire le travail: chasseur, boucher, cuisinier, navigateur, mecanicien, capitaine… Juste et tranchant. Pas de souplesses superflues, au risque de perdre le fruit de tous les efforts. Pas de confiance aveugle, d’amities a faire semblant quand il s’agit de se bouger pour survivre, vivre, manger…

Viande. Un tas sur la table, enorme, en plein cagnard. Les mouches tournent autour… faut pas s’louper, pas s’relacher. Enfumer, debiter, saler, suspendre, fumer sous le fumoir, eventer contre les mouches, pendant 2 jours sans interruption. La chance, c’est une chose… apres faut assurer pour pas la laisser nous pourrir entre les mains.

Bref, du vrai « Into the Wild », mais pas tous seuls… C’est lors d’un relevage des filets un matin que je prend conscience de ma chance, a moi… Kostia nous mene le long d’un bras de riviere magnifique. Il faut passer un tronc enorme, serpenter entre des bancs peu profonds, au milieu d’une foret d’arbres enormes, tordus, casses, vigoureux… Tous les arbres representes. Des tilleuls embaument, les Pins se chargent de pignes, cette annees. Des pans entiers de raisin sauvage. Les pentes de la coline qui descendent parfois a pic dans la riviere, laissant la roche a nu. Kostia me montre la source Laoxe, une eau bleue-grisee minerale, qui rajoute a l’ensemble sa purete inviolee… Emotion coup de foudre, pour ce lieu et ce gars, qui m’ouvre les portes d’un monde de tresors, a la hauteur de mes reves.

Ecrit par admin_branchest in: Ete,Kitaiskaia |
août
20
2011
2

Debroussaillage

Tellement pressee de voir les mecs prendre en main le gros chantier, que j’en oublie les exigeances de base de la vie en foret.

A la baraque, un mur de verdure se dresse la ou il y a un mois on pouvait marcher sans quasi lever le genou. Faut tout faucher. Reviser et relaver toute la vaisselle eparpillee (les visiteurs ne sont pas tous declares). Faire du bois, surtout, pour le feu de cuisine, le Bania, la « kaptilka » (de la taille d’une cabane a chiotte, hermetique, destinee a fumer la viande et le poisson), mais surtout, contre les mouches et les moustiques.  Sans la fumee des dymakur), malgre la chaleur torride, on ne quitte pas ses fringues a longues manches, la casquette, et meme les bottes en caouchouc. Apres une nuit etouffante a 5 dans la baraque de 4m sur 4, on s’installe la moustiquaire fraichement cousue (un palace), dehors, par terre, le luxe quoi!

Je ne perd pas une occasion de parcourir la riviere, se lester un instant des nuees de suce-sang. Tous les matins la barque file a la recherche de poisson, et du meilleur endroit ou construire. Que la berge soit suffisemment haute, que l’acces ne soit jamais a sec, qu’il gele bien en hiver, qu’il y ait a proximite des arbres suffisemment hauts et epais, etc… On a fini par couper au plus court: a 600m de la baraque deja sur pied, juste un peu plus profond en foret, a 3 pas de la montagne. On peut jouer aux bucherons-constructeurs, mais de la a se prendre pour des pionniers avertis… le Bania sera pas loin, et les facilites de voisinage (Laoxe) pas encore negligeables.  En 2 apres-midi la question etait reglee, les arbres par-terre et ecorces. Pour la suite (les deplacer), faut attendre que ca seche… autant dire, pas de quoi se presser!

Reparation de l'omorochka

A Laoxe, Baba Maia et Died Edik finissent a peine leur saison de recolte de miel. Cette annee le Barxat (phellodendron amurense, un vieux de la vieille de ces contrees Mandchoues, Coreennes et Oussouriennes) a bien fleuri, son miel anti-tuberculose deja dans les bidons. Ce type de miel ne se recolte que en foret. Les Barxat, au village, ne suffisent pas pour permettre une reelle recolte. Le second type, c’est le miel de Tilleul. Baba Maia m’envoie chercher 2 bocaux qu’elle me remplie a meme l’extracteur. J’ai ete bien soulagee en entendant le frere de Baba Maia raconter que ca fait un mois qu’il est la, qu’ils ont butte les patates, fendu le bois pour l’hiver, bref, aide au necessaire. Mon carre de jardin s’avere etre le seul are de terre sauvage en ce lieu si bien habite. A l’ombre des morelles, j’ai decouvert des betteraves rouges aux feuilles vertes et vigoureuses. Fenouils a l’odeur d’anis et de mediterrannee, et quelques feuilles de  salades verte… de quoi faire le bonheur d’une frantsujenka en exil… !

Plus que de la viande fraiche, et celui de nos bucherons sera comble. Died Edik nous refile une vieille omorochka. Reparation, rustines de caouchouc, colle, gaz, feuilles metalliques. L’epave semble utilisable. Ce soir, j’accompagne Kostia et Renate tenter leur chance. Une semaine et demi en foret sans ramener de viande, et tous les jours des animaux qui nous apparaissent sous le nez, c’est pas pensable, et ca commence serieusement a leur porter sur les nerfs, a mes gaziers!!

Ecrit par admin_branchest in: Ete,Kitaiskaia |
mar
17
2011
0

Partie de ski

Aujourd’hui, on va relever les trappes. Kostia me file une paire de skis, qui s’attachent avec rien qu’une laniere, savamment bidouillee, comme tout le reste. On prend la piste qui part vers la colline, derriere la baraque. Kostia cache son fusil dans un fourre. Aux premieres petites descentes, j’ai bien remercie mes parraines et marents pour m’avoir offert la chance d’accumuler une petite experience en matiere de glisse et de ski alpin. Et puis j’ai vite capte que skier en pleine taiga, c’etait tout autre chose, hormis le fait que quand on demarre dans ce genre d’activites, il faut bien accepter un certain nombre de gamelles, se concentrer, se relever, et pas se decourager. J’ai cependant pas mal enrage: Kostia devant file a le perdre de vue, dans un decors qui me sublime, de ces Kedr enormes, de ce chaos artistique si caracteristique des forets sauvage, le tout traverse des rayons du soleil… mais pas une minute pour contempler, photographier, et se representer jusqu’ou je suis parvenue… pour une fois, le nez en l’air m’est impossible, il me faut lutter avec les branches au sol, les racines qui depassent, et toutes celles qui manquent de te voler ton chapeau. J’ai fini par m’en prendre une belle en plein dans l’oeil… histoire d’achever un premier tour en foret super ereintant. « T’inquiete, on a tous commence comme ca », me dira Liosha. « Plus tard, tu pourras y aller toute seule, aux zibelines ». Alors la, c’est sans problemes, mais alors « po-tixonku », certainement pas a ce rythme-la!

Sur la piste on en croise d’autres. Aujourd’hui, parmis les cervides toujours presents, un Lynx, les vieilles traces du Tigre, et des Zibelines un peu partout. La maniere la plus simple de les attrapper, c’est quand on a eu un cerf ou un sanglier. La peau represente toujours un peu de grignottage allecahnt. On la coince sous un arbre tombe, on la camouffle de branches, aussi pour pas que les oiseaux ne viennent s’y prendre. On pose les pieges en dessous, recouverts de poils. Et on passe le lendemain.

Y’a un chasseur a Krasnii-iar, qui attrappe toujours pres de 200 zibelines par an. LE territoire de predilection du coin. Kostia lui, doit en avoir au moins 5, achetee a prix bas par l’association Tigr, qui gere le territoire. Une fois a la barque, il leur enleve leur peau, l’enfile sur des tiges de bois pour qu’elle seche et s’etire. En quelques heure elle se met a ressembler a du papier journal. Died Edi raconte que selon les regions de russie, on prepare les peaux de zibeline differemment. Ca permet de les reconnaitre. Elles n’ont pas toutes la meme couleur, ni la meme qualite. En tout cas, ca a l’air d’etre un business encore en vogue dans tout le pays… (y’a qu’a se souvenir du quartier Russe a Pekin… une enfilade de boutiques a fourrure…)

Ecrit par admin_branchest in: Hiver,Kitaiskaia |
mar
14
2011
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Partie de peche

C’etait conclu avec Baba Maia: demain on part a la peche. Buran, hache et tronconneuse, bur (la scie a glace en tortillon), lignes, et quelques sacs de jute. La hache et la tronconneuse, c’est pour attrapper des vers, des koraiede, ces gros vers blancs qui mange l’ecocrce des vieux epiceas en general. Sans eux, c’est meme pas la peine d’essayer.

Et puis apres, il faut connaitre les bons coins. Les gars font des trous. Baba Maia regarde dedans… « pfeu, j’y vois rien, pas un poiscaille! » Elle plonge tout de meme sa ligne, attend quelques minutes en donnant des petits coups, de bas en haut. « Niet! Nichevo! Allons plus loin. Et puis la saison est bien avancee, le poisson commence deja a remonter le courant on dirait ».

Et comme ca petit-a-petit on fait des trous un peu partout, dans un decors de contes russe, scintillant de blanc et de glace, dans la realite d’une nature grandiose, belle de toutes ses courbes, berges, rivieres et affluents… « Tu vois, la, ou poussent les bouleaux et les epiceas. C’est que des gens ont vecu a l’epoque, des stara viere, (des croyants de l’ancien temps…). Ils ont tous ete deportes pendant le communisme. Ils avaient construit sur ces berges. Ce qu’on voit la, c’est ce qui a pousse apres eux ».

La 30aine de poissons attrappes ce jour-la semblait trop peu pour satisfaire. Mais une fois revenus a Laoxe, on trinque et se rechauffe, on s’fait nourrir ot dushe, « aller, a ta premiere peche, Marilia ».

Ecrit par admin_branchest in: Hiver,Kitaiskaia |
mar
12
2011
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Expedition, au-dela…

Le territoire de chasse des Kolenchuga, c’est 150km au-dela du village, le long de la Bikin. Une journee de route, quand on s’y met tot. Mais pourquoi se presser quand on sait que y’aura des reparations a faire sur la route, et quand on connait l’emplacement de chaque barak par coeur? L’essentiel, c’est de pas se planter a travers la glace.

Liosha nous accompagne. La grand-mere au depart me lance toute emue, que j’suis la premiere apres elle, a retourner sur les terres ou elle a vecue, avec son homme, pendant longtemps. On s’emmitouffle. 2 collants, 2 pantalons chauds. 4 paires de chaussettes. Du the, des lipioshi. Et c’est parti.

Bogomolka, la porte "sacree", au-dela de laquelle s'etendent les territoire de chasse traditionnels. Pause obligatoire. On y laisse quelques cigarettes, un billet, un bout de tissu, des boulons ou ce qui traine dans ses poches...

36eme reparation: refondre le bac a essence, pour refermer la fuite, grace a un clou chauffe a rouge

omorochka, la barque sans moteur du chasseur- pour pas faire de bruit

Passe le Bogomolka, pose bouffe et reparation a la barak de connaissances. Chaque proprio tient son endroit comme il l’entend. Chacun sait ou on peut trouver de quoi se chauffer, et le minimum pour passer la nuit. La barak qui nous logera cette nuit la fait raler les mecs: pas meme une casserole, pas meme un paquet de nouilles en depannage.

Plus on remonte la riviere, plus la glace se fait fine. Le courant des  sources qui alimentent la Bikin l’empechent par endroit de geler. Kostia sort son pic, verifier le passage.

140km, « la Garela ». Nichee entre une colline et la riviere, la barak de la grand-mere, telle qu’elle a toujours ete. Minuscule (6m carres a tout casser). La toiture en ecorce. Un vrai musee. Difficile de se representer ce que ca signifie vivre la-dedans a 2 et plus tant d’annees!

146km, « la Kitaiskaia ». Je jubile. L’endroit est magnifique. Un peu a l’ecart de la Bikin, entre plusieurs ruisseaux secondaires. La barak deja plus vivable, un Bania juste en face. Un terrain plat, de quoi y faire un jardin, quand la neige aura fondue… Voila, ou le reve commence…

Ecrit par admin_branchest in: Hiver,Kitaiskaia |

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