Seoul
Dur dur de soudain disparaitre dans la nature (en plein Seoul, c’est beaucoup dire), sans nouvelles forestieres ou velocypediques a rediger. Mais la Chiquilla se permet tout de meme de vous raconter son cheminement dans le Far-East, avant que la foret russe ne l’engloutisse de nouveau pour plus longtemps…
Seoul n’a rien d’une jungle, meme avec ses 100km/100 de beton et de tours-champignon. Tout y est tres propre, carre, pratique et rationnel, peut-etre un peu comme tous ces gens dans le metro, si bien coiffes et habilles, dont le regime de travail ou d’etude parait ultra-soutenu. Mais malgre tout (et malgre la myriade d’enseignes fluos represantant cochon, poulet, boeuf ou poisson qui sueintent la graisse a frire), les Coreens semblent attaches a leur cuisine, a leur medecine, a leur vision de la vie, d’une exemplaire saintete.
En attendant que le visa russe se fasse, je cherche les bons coins a musique. C’est un peu comme la peche de riviere: il faut savoir quand et ou se placer pour attrapper le meilleur gibier. J’ai fini par trouver l’endroit ideal, un parc-national montagneux aux abords de la ville, ou tous les anciens viennent faire un peu d’exercice. A voir leur equipement ultra perfectionne, on pourrait croire que la ballade ressemble plutot a de l’alpinisme… Alors un jour (apres avoir joliement bouscule leurs habitudes… personne ici ne joue de musique dans la rue, et encore moins avec une casquette a ses pieds), accompagnee de Caine, voyageur malaisien, on a grimpe la montagne, pour voir…
Ben on peut vous dire, que les batons d’alpinistes, c’est pas du luxe! La grimpee est extreme, sinue d’abord entre toute sortes d’arbres aux larges feuilles, de temples peints qui emergent a peine de la verdure, puis se transforme en escalade d’a-pics rocheux rendus glissants par les pluies incessantes. Enfin les pins prennent cette forme si caracteristique a l’imagerie japonaise ou chinoise, et regardent avec nous de haut la ville, ou du moins juste un bout, ramper jusqu’aux pieds de la montagne.
Le lendemain on redescend, bien contents de trouver une douche chaude chez Dara, l’etazunienne qui nous loge. Avec ses compatriotes profs d’anglais ou soldats en garnison, les etazuniens, a Seoul, sont legion. C’est pourquoi la rencontre de Shinhe, 2 jours avant mon depart vers le port de Sokcho, me transporte et m’donne l’occasion de decouvrir Seoul d’une maniere un peu plus Coreenne… avec une bonne dose d’originalite!
Shinhe, elle, ne veut pas travailler. Ses parents esperent la marier, ce qui pourrait sauver la situation, mais pour elle, pas question. Ses preoccupations sont bien plus… artistiques. Elle m’invite chez son prof de calligraphie, dont elle prend soin tous les jours. En voila un qui aurait pu inventer une chanson du genre « j’ai un probleme, c’est qu’j'ai que 2 bras… » Sauf que lui, carrement, il n’en a pas: ni de probleme, et ni de bras! Il dit meme que depuis le jour ou il a perdu ses bras, sa vie est devenue meilleure. Il a pu, en quelques sortes, prendre son destin « entre ses mains ». Maintenant du bout de ses protheses il peint, ou bien avec ses pieds, realise toutes sortes de doigtes (ordi, telephone, et autres activites).
Le deuxieme phenomene, c’est le cultivateur de Lotus. Etant jeune, il a beaucoup voyage. Mais un jour, en bout de course, il a pose sa tente aupres d’un lac. Seul. Pendant un long mois d’abandon. Il aurait pu rester la pour toujours, ou disparaitre, ou mourrir, la vie n’ayant plus trop de sens. Mais un matin de reveil, devant lui le lac se met a fleurir de centaines de lotus enfin prets a reveler leur beaute. Ce jour-la il a senti l’odeur du paradis, et meme entendu les « plop » des fleurs qui, s’ouvrant, l’on revele a la vie.
Depuis ce jour il cultive des Lotus et sculpte de ces oiseaux-tonnerre en bois, vestiges du chamanisme traditionnel Coreen, issus de leurs lointaines racines Altaiques (!!!) Boire en la presence de ces bonnes gens, le the de l’inspiration, prend une sacree dimention. On boit, tout en devorant du regard la fleur flottante et nourrisante, quasi hypnotisante…
Tandis que Christophe pedale deja vers la foret du Grand Ours, cote Canada, j’embarque de nouveau vers la cote du Far-Est Russe, des plantes-medecine qui tiennent chaud plein le sac. Sur le ferry, rencontre avec Alexis et Francois, qui viennent de mener leur bicyclette au bout du continent et donc de leur projet, apres 6 mois de voyage. www.enjamberlhorizon.fr C »est-y-pas dingue ca aussi, de savoir qu’ils ont loge chez les memes amis de Novossibirsk, quelques mois apres notre passage???!
Merci a Caine et a Shinhe pour les photos…