Hommes a tout faire…
De l’autre cote de la rive, un couple de vieux communistes est installe a l’annee, dans une grande et plate clairiere. A l’epoque CCCP, les ruches de Died Edi etaient gouvernementales. Aujourd’hui ils sont quasi les seuls a vivre sur un terrain plus ou moins « prive », non revendique par l’association Tigr. Les interesses viennent acheter leur miel en helicoptere. Baba Maia le montre pas, mais je vois bien qu’elle est toute contente de nous savoir peut-etre bientot installes sur l’autre rive. Kostia et eux echangent des coups de mains precieux, et la compagnie de tiers personnes ne se refuse pas quand on vit si loin de tout. Quand son Edi est arrive a Krasnii-iar, quand elle eu reussi a l’attrapper, au debut il a fallu lutter: « un espion », disait-on. Et puis ce qu’il aimait c’etait etre en foret, alors ca l’a vite envoye travailler aux ruches de Laoxe, qu’il n’a plus quitte depuis. C’est elle, Baba Maia, qui faisait les aller-retours au village. Elle raconte: « A une epoque Baba Klava et son Ivan vivaient pas loin, a la Garela. Ils venaient aussi nous aider, a porter les ruches, le miel, faucher le foin, tout ca. Z’avaient Kostia avec eux, j’l'ai vu grandir depuis tout petit! Il a tout appris ici, c’est son grand-pere qui lui a montre. C’est sur que pour survivre en foret, faut pas s’laisser aller. Faut crocher dedans, faut savoir faire. Ici les flemmards font pas long feu! Moi au debut j’avais tellement d’energie que je faisais 2 jardins: un au village, et un ici. Et puis Edi m’a montre comment poser les trappes pour les zibelines, comment pecher… Tu vas voir, Kostia, il va tout t’apprendre, pareil…! »
Faut dire que y’a de quoi! Depuis que les preparatifs de l’expedition sont lonces, Kostia et Liosha, ils arretent pas. Moi je regarde ce tourbillon sans trop savoir comment me placer pour aider, et faire avancer la machine. Ah, si, penser au the, au sucre, au lipioshkis, de quoi manger pour la route. Les agrements positifs, quoi!
A la barak, ils m’epoustoufflent: le poele, les reparations tronconneuse, le buran qui occupe encore des journees a lui tout seul, chercher du bois sec, fendre, cuisiner, preparer des balles et des cartouches, bidouiller les lanieres des skis, reparer des chaussures en cuir, y remettre une semelle de feutre, depeauter une zibeline, aiguiser son couteau, nourrir le chien, nettoyer le fusil, crapahuter toute la journee a la recherche de traces a suivre ou de pieges a poser, preparer les hamecons, fabriquer une pile pour la lumiere le soir (plus de bougies), reparer le groupe electrogene, chercher de l’eau, chauffer le bania, laver 3 fringues, rapiecer les trouees, reajuster la porte de la barak, refaire un manche pour tel outil, 3 branches de pin en guise de balais, et pour la pelle, on fait comment? etc, etc, etc…
Sans avoir besoin de se le dire, les taches se repartissent, au feeling, et aux besoins collectifs. Mais decidement, entre le village et ici, les mecs, la, c’est a peine si j’arrive a les reconnaitre!
Pas de commentaire »
RSS feed for comments on this post. TrackBack URL